Zastarel Grem'Ly

III. Présentation du Pouvoir

Un corps de glace, un animal à sang froid, résistant à de hautes températures, immunisé contre les poisons, une certaine souplesse et une rapidité déconcertante caractérise Zastarel. Il possède les caractères primaires des reptiles. Mais là où il se distingue, la mort et la souffrance en témoignent et appuient les faits. Dans son corps coule un liquide autre que vital. Corrompu par ses origines, son sang et sa salive sont un cocktail chimique redoutable.

Quiconque entre en contact avec le sang voit sa peau se disloquer et sa chair être rongée. Mieux encore, son sang peut dissoudre très rapidement des matières non-organites et rendre des armes inutilisables. Hélas, le prix de son utilisation n'est autre que sa vie, car c'est bien le sang qui le maintient debout. Les confrontations peuvent très vite tourner en la faveur de l'adversaire. Pour ce qui est de la salive, cette dernière contient un venin qui tue à petit feu.     

IV. Apparence & Personnalité

Sa beauté est sauvage et maladive. Cet homme est aussi pâle qu'un cadavre raide, aussi sec que le bois, aussi écailleux qu'un reptile. Sa peau s'apparente à celle d'un serpent. Épaisse et froide, l'étreinte semble mortelle. Ses veines, canaux de saphir, recouvrent ses avant-bras tel du lierre agrippant à un tronc. L'intérieur des poignets recèlent de cicatrices pareilles à des tranchées. De grands ornements noirs marquent son torse, ses épaules et ses bras. L'homme est assez grand de taille, comptez un mètre quatre-vingt.

Il porte un visage mince. Ses traits sont durs comme le métal. Un regard orangeâtre, injecté de sang et avec une certaine animosité s'élance vers vous. De grandes cernes noires supportent ce dernier. Les pupilles dilatées contrastent avec l'éclat sanglant de ses yeux. Les lèvres sont glaciales et sombres. Une chevelure corbeaux éparse se tortille dans un bandeau d'un doré élimé. Des plumes grises se mêlent à sa coiffure.


Zatarel est un homme sinistre par son physique, mais possède son charme. Aux yeux d'un inconnu, il serait plus judicieux de l'abattre avant d'en être la victime. Il n'aspire en rien de la sympathie, pourtant ce n'est pas un individu mauvais. Cloisonné dans son monde, prit dans le tourment des événements, âme solitaire en quête de buts plus ou moins vraisemblables, ce "reptile" n'est pas avide de chair. Seul son corps est marqué par son courroux.  

C'est un aventurier forcé, un être mauvais par défaut. Son ascendance insurgée et son côté exilé lui donne du fil à retordre. L'ennemi est un être humain. Lui, n'est qu'un animal. En symbiose avec les reptiles, il se considère guère diffèrent d'eux et vit à leur côté en invité de marque. Son choix de vie reflète un personnage victime du destin, voulant à tout prix se départager du reste connu et vivre comme un parfait inconnu. Son langage semble primitif. L'homme fait des gestes, triture son bâton dans la terre molle et hoche la tête. Pour tout dire, il ne parle que très peu. Seulement quand l'occasion en vaut la peine et ne s'exprime pas forcément très bien.

Bien qu'il évite tout contact humain, il ne rechigne pas à l'idée de faire face à l'un d'entre-eux. Zastarel fera de son mieux pour se faire comprendre et d'épargner un bain de sang. Portant en lui un certain courage, il est capable de faire abstraction de ses principes pour sauver une âme innocente. Malgré son accueil froid et son air distant, l'homme porte en lui des sentiments qui peuvent paraître contradictoires. Ni forcément blanc, ni forcément noir, le reptile suit sa propre doctrine et nage entre deux eaux. Tuer est un acte comme un autre, un acte nécessaire pour se défendre. Il y a toujours une raison valable pour commettre un meurtre à ses yeux.  

V. Historique

Le Dédale n'est qu'un faible souvenir, des fragments de noirceur logés dans son crâne. Parmi tous ce qu'il connu en ces lieux, les visions de son passé lui firent martelés du poing l’obstacle à son portée. La rage et l'incompréhension le consumaient. Les mains ensanglantées, il se laissa tomba entre les racines géantes et noueuses de la victime pour s'envelopper de peau. La nuit sera froide, très froide à son goût. Zataral frissonna à l'idée de retrouver sa maison natale. La peur n'était pas à l'origine de ce mécanisme.

C'était une femme acerbe, enlaidie par le temps mais avec de tels yeux et un charisme à vous pourfendre. Cette dernière l'aimait. Elle avait tué son père pour lui. Pour lui prouver son amour et son droit de maternité. Malgré sa passion exubérante pour lui, sa langue fourchue eut raison de leur relation.

La douleur était telle qu'il quitta le giron maternel pour se réfugier aux abords du marais de feu. Là, les salamandres ne l'approchaient guère. À force de présence, un respect mutuel s'établit entre les deux créatures. Zastarel ne chercha nullement à s'approcher d'elles. Simplement leur présence rassura le jeune enfant. Les bêtes se contentaient de le contourner avec indifférence et lui, restait là à se torturer les méninges en si bonne compagnie. Avec le temps, sa mère chercha à le ramener avec elle. Mais les salamandres en firent leur festin. L'homme qu'il était devenu se consola brièvement durant la dépouille décharnée de sa génitrice. Cette femme s'était peu à peu estompée de son esprit, si bien que sa tristesse en fut réduite.  

Ici, le monde se résumait à de gros reptiles fort peu commodes. Les humains ne venaient guère et le monde ne s'en portait pas plus mal. Zastarel quittait de temps à autre le marais. Il vivait de chasse et de troc. Il tuait parfois un insurgé ou deux avant de lui avoir fait les poches. Mais bien souvent, son coeur battait à l'approche de la beauté naturelle. Un simple caillou pouvait être une fortune à ses yeux. L'homme s'encombrait de petits objets lors de ses raids. Puis la curiosité de voir le monde le prit peu à peu, comme un sentiment nostalgique. Son premier périple marqua un point décisif de son existence, la rencontre de cette femme. Le destin nous étonne parfois. Zastarel avait un certain dédain pour son espèce. Sa mère fut la seule chose qu'il accepta plus ou moins de côtoyer. Mais cette dernière n'était plus poussière à présent.

Alors qu'il tomba sur un petit groupe d'hommes armés, le "reptile" les massacra un à un. Son apparition avait suscité un mouvement bestial de leur part et ce fut avec un naturel déconcertant qu'il mit fin à leur existence. Bien que blessé, l'homme resta la tête haute. La douleur ne semblait l'attendre. Parmi eux, se trouvait une jeune femme. Dans sa parure ensanglantée, Zastarel s'approcha d'elle afin de l'égorger pour mettre fin à cette mascarade, mais elle dernière se jeta sur son bras armé. La repoussant brusquement de sa main libre, elle tomba à terre, les yeux humides.

Pas un seul gémissement, simplement ce regard transperçant. Alors, l'homme décida de la laisser à son sort. La victime s'obstina de le suivre de loin, trébuchant et tremblant de sa fine chemise de lin. Zastarel se contenta de poursuivre sa route avec une cadence soutenue. Cependant durant le trajet, la jeune femme tomba dans l’inconscience. La faim et la fatigue l'avaient fragilisé à un tel point qu'elle était incapable de se relever. L'homme finit par accepter l'idée de l'aider afin de s'en débarrasser s'en remord. De cette acceptation, des liens se créèrent. À force qu'elle l'apprivoisa, la Salamandre tomba sous son charme. Abordant une couronne d'un blond pâle, sa peau était d'une blanche de lait. Des yeux transparents comme l'eau d'une petite rivière, des dents un peu longues et quelques tâches rousseurs ressortaient de son visage ovale. C'était une beauté fade et silencieuse.

Avec le temps la jeune femme tomba enceinte, mais ce n'était pas le seul mal qui planait sur elle. Zastarel était un poison pour sa santé. Il comprit peu à peu en voyant cette dernière s'éteindre petit à petit. Alors, le couple entama une marche vers la Fosse. Le périple fut long et rythmé par de nombreuses pauses, l'enfant grandissait dans son ventre et l'enjeux devenait de taille. Agrippée à l'homme qui autrefois l'a rejeté, elle traversa tant et tant d’obstacles qu'elle en perdit le compte. Son état et le terrain raide lui donnèrent un défi de taille. Mais après tant de volontés, ils touchèrent enfin au but. Sa compagne épuisée tomba aux pieds des villageois et supplia qu'ils les épargnent. Après une tension palpable, l'un de ces derniers s'avança pour les accueillir. La scène fut teinté d'un silence morbide, mais nul osèrent les attaquer. Ils disparurent dans l'antre de leur sauveur avant l'arrivée des Travelers. Après deux mois d'attente, un fils vit le jour.

Suite à l'accouchement, Zastarel s'agenouilla auprès d'elle et prit son bâton pour tracer dans la terre son nom. Il eut un sourire triste. Lui qui était d'une neutralité affreuse, il ne se voila pas la face ce moment-ci et posa sa main sur son enfant. L'homme savait qu'il n'était pas de ce monde. C'était tout là un adieu, pour leur bien et pour lui. Avoir pour père un insurgé semblait inconcevable dans ce monde, c'était donc là une faveur. Il disparut après avoir donné son mince trésor à sa femme, retrouvant le cher Dédale de son coeur. Dans les pierres qu'il avait collecté au cours de son existence, certaines s'avérèrent précieuses. Zastarel apprit tardivement la valeur de certaines et se réjouit de ne pas les avoir laissé aussi démunis qu'il le pensait. Au fond de lui, il sentait qu'elle était en vie quelque part avec son enfant... Mais ceci est une tout autre histoire.  

Celle de Zastarel continua comme autrefois. Voilà, une vingtaine d'années qu'il s'accroche à son existence. Rejetant toujours avec férocité la société humaine, pavant ses périples du sang de ses compatriotes, il était un ennemi pour lui-même et les humains. Parfois, il s'approchait de la frontière pour contempler son passé. Les années ne l'ont pas vraiment changé. Toujours aussi sombre et en proie à des souvenirs pesants. Il continua de se morfondre dans le marais de feu. Un jour peut-être que tout cela changera...

L'homme pressa les peaux d'animaux contre lui. Il avait beau vouloir faire taire ses écoulements de sang, la nature mourrait au contact du liquide. Le ciel était teinté de gris, malgré l'absence de lune, ses yeux étaient assez aiguisé pour en juger. La pluie ne tardera pas à s'abattre dans ce coin désolé. Son âme avait besoin d'être lavée, d'être apaisée de ses pensées. Les mots s'envolent, les pensées restent tenaces...

VI. Et le joueur, c'est qui ? n_n