Kelemdöv

III. Présentation du Pouvoir

Kelemdöv peut se rendre invisible et intangible. L'intangibilité lui est moins naturelle que l'invisibilité, et il ne peut le faire sans avoir visuellement disparu d'abord. Il y a plusieurs degrés d'invisibilité, allant de la légère transparence à la disparition complète. Il en va de même pour l'intangibilité. Il peut, s'il les touche, englober des objets ou des personnes avec lui, mais pour être franc il n'a pas très envie d'essayer avec d'autres gens. L'invisibilité, c'est un peu son truc à lui, son échappatoire personnelle, alors partager cela s'avère difficile. À ses yeux, c'est quelque chose d'intime. Oui, Kel est un petit être sensible.
Quant il traverse des gens, ceux-ci ne re rendent compte de rien. À peine ressentent-ils un léger frisson. Kelemdöv peut traverser les murs, le plafond, le sol, mais un jour il est resté coincé dans une porte, alors il fait très attention. Si on le pousse du haut d'un toit, il peut éventuellement éviter la casse en se laissant glisser à travers le sol et en régulant sa masse corporelle pour ralentir sa chute, mais ce n'est que de la théorie. Sans parler de la chute qui pourrait mal finir, avouez que l'idée de rester coincé sous terre n'est pas engageante. Le prince est téméraire, mais pas suicidaire. (Au grand dam de son père.)

Cette mutation qui agit sur son physique se manifeste de façon permanente sur son reflet : Kelemdöv n'en a tout simplement pas. L'explication est simple. On pense souvent qu'il se concentre pour disparaître, mais c'est le contraire : à la naissance, Kelemdöv était quasiment transparent, sa peau étrange lui donnant un air maladif qui laissa penser à ses parents que c'était un enfant chétif et faible qui ne survivrait pas longtemps. Il semble que son père n'ait jamais abandonné cette idée.
Pour Kelemdöv, le plus difficile a toujours été de se voir dans le regard des autres, et son pouvoir se manifeste ainsi : s'il ne se concentre pas assez pour être visible par les autres, il disparaît. Avec le temps, c'est devenu un réflexe pour lui que d'apparaître en présence d'autres personnes. Mais lorsqu'il est seul, perdu dans ses pensées, il s'oublie et redevient transparent. L'invisibilité totale ne se fait jamais complètement, sauf quand il dort. (Oui, il va être difficile de l'assassiner dans son sommeil.) Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il ne connaît pas les limites de son corps, n'ayant jamais su les appréhender par lui-même. L'absence de reflets s'explique donc par le fait que Kelemdöv ne puisse pas s'imaginer dans un miroir, encore moins dans son propre regard : sa seule connaissance de lui-même se limite aux portraits qui ont été faits de sa famille. Mais il a toujours ce doute étrange, au fond de lui : est-il représenté tel qu'il est vraiment, ou tel qu'il se montre aux autres dans cette vision qu'il pense qu'ils ont de lui ?
Vous ne comprenez rien ? C'est normal, Kel non plus.

Il use de son pouvoir à l'instinct et sa famille vous dira qu'il correspond bien à sa personnalité effacée, transparente, fade, insipide. Nous préférerons insister sur sa discrétion et son humilité.

Petite anecdote : là où le pauvre mortel tombe de son lit après un mauvais rêve particulièrement réaliste, le prince lui, passe au travers. Parlez lui de réveil brutal.

IV. Apparence & Personnalité

Comme vous l'aurez compris, il serait inutile de demander à Kelemdöv de se décrire visuellement. Et, de manière générale, on peut dire qu'il est difficile d'obtenir une description physique complète du Prince Absolu. Son père et ses frère et sœur insisteront probablement sur sa silhouette longiligne, ses épaules voûtées et sa démarche mal assurée qui renforcent selon eux son air faible et soumis. Sa mère préférera vous parler de son regard doux, de ses sourires timides mais discrets et des cheveux en bataille qu'elle n'a jamais su discipliner, témoins d'une personnalité sensible et maladroite. Peu de gens vous décriront Kelemdöv tel qu'il apparaît au détour d'un couloir, le pas léger, le regard hésitant, fuyant, rêveur, les gestes calmes, réfléchis et posés, la tenue impeccable, les mains dans les poches, le dos qui se redresse en présence des autres et les sourcils qui se froncent dans un masque princier qui cache avec peine des émotions qu'il n'a jamais très bien su dissimuler. Kelemdöv est de ces gens honnêtes et droits qui ne mentent pas au naturel, et très mal si on les y oblige. De ceux dont les sentiments s'impriment facilement sur un visage aux traits doux qui contraste avec la personnalité qu'il aimerait se donner - sans vraiment y arriver. On dit que le Prince Absolu partage les yeux de son père, mais la ressemblance s'arrête là. De lui, il n'a que les pupilles, les cheveux aussi, peut-être. Mais le regard et les traits sont différents, durs, intransigeants. Ils portent à la perfection le masque de la cruauté, de la royauté, de la domination et du pouvoir. Kelemdöv lui, détonne dans ces vêtements princiers, trop chers et trop précieux, qui rayonnent d'une puissance qui n'existe pas. Mais contrairement à son père, son frère ou sa sœur, Kelemdöv le cache mal. Il semble nager dans des habits trop grands, ployer sous leur poids, la royauté ne lui va pas. Avec lui, la vérité ne peut qu'éclater : la royauté n'existe pas. C'est peut-être pour cela que sa seule vue révolte son père.

Il aurait aimé en faire un parangon de pouvoir, comme son frère Kelag, mais Kelemdöv doit être trop honnête pour perpétuer la comédie qui se joue depuis des décennies dans une famille royale sur le déclin. Il essaye pourtant, il fait de son mieux, mais rien de ce qu'il tente ne semble satisfaire les ambitions démesurées de son père, qui nourrit davantage d'espoirs pour Kelag, le cadet. Eux pensent de la même manière. Kelemdöv ? Kelemdöv est un ovni, une aberration. Kargachäk parle là où il écoute, hurle là où il disparait, punit là où il pardonnerait. Le Roi Absolu en veut énormément à sa femme, persuadé qu'elle est responsable de l'échec qu'est leur fils aîné. Elle est la seule, après tout, à avoir un caractère aussi doux et calme que lui. Aussi influençable et soumise que Kelemdöv, trop sensible peut-être, puisqu'elle s'enfonce doucement dans la folie... Une destinée que le Prince est peut-être voué à trouver, s'il reste sur ses traces plutôt que celles de son père. Il est décidé, pourtant, à être son digne héritier, prêt à courir des risques s'il le faut. Il est téméraire, courageux en un sens, mais il a tellement peur de mal faire, qu'il tue la plupart de ses idées avant de leur avoir donné forme. Il faut dire qu'il n'est pas prêt, et son père le sait, à faire les sacrifices nécessaires pour y arriver. Ne vous méprenez pas : Kelemdöv veut bien donner de sa personne. Mais dès qu'il s'agit d'impliquer d'autres que lui... impossible. Il n'a ni la force ni la cruauté de son père pour sacrifier d'autres vies à ses ambitions, pour se servir de gens qui ne sont, au fond, que des êtres vivants comme lui. Son humilité est à la fois sa plus grande qualité et son plus gros défaut : détesté de ses pairs, il serait peut-être apprécié du peuple que personne ne gouverne. Mais il lui serait impossible de s'imposer, effacé et maladroit comme il l'est.

Il ne nourrit que peu de relations avec son entourage, la seule personne dont il soit proche étant sa mère. Mais même leur relation est teintée d'une certaine maladresse, car Kelemdöv ne sait comment gérer ses crises de folie. Il reste muet, il observe, il n'ose aborder le sujet en présence de la reine Koslanne de peur de déclencher un de ces moments déroutants et effrayants. Contrairement à son frère ou sa sœur, Kelemdöv ne la méprise pas pour cela, il aime trop sa mère pour la rejeter, elle qui est bien la seule à ne pas le considérer comme un bon-à-rien. Il le lui doit, et il le fait sans se poser de questions. Cela semble normal, au fond. Il reçoit si peu de reconnaissance, qu'il sera invariablement touché si on lui en donne, et la personne concernée recevra instantanément la marque de son intérêt. Pas stupide mais trop naïf pour reconnaître les compliments sincères des bêtes flatteries, Kelemdöv ferait confiance à quiconque lui montrerait une image un peu plus polie de lui-même, autre que  le reflet terne et insipide que sa fratrie lui renvoie. Devant elle, le Prince Absolu se fait tout petit, et son statut d'aîné est bien vite oublié. Kelag et Kunvaëlle sont bien plus assurés que lui, bien plus royaux. Et s'il se laisse marcher sur les pieds, s'il ne répond pas à leurs moqueries, il ne nourrit pas moins les mêmes ambitions qu'eux : rendre Père fier d'eux.

L'aspiration est peut-être la plus puissante chez Kelemdöv, tout obnubilé qu'il est par son père. Tout ce qu'il fait, il le fait en pensant à lui. Père approuverait-il ? Que dirait Père en cet instant ? Comment réagirait-il ? Tous ses gestes, toutes ses paroles, toute son attitude ne vise qu'à une chose : lui ressembler, même si c'est exactement le contraire qui se produit. Kelemdöv est devenu esclave de sa peur : la crainte de décevoir le Roi Absolu est devenue une obsession, et à chaque jour, à chaque instant elle est là, l'empêchant de réagir librement.

V. Historique

Nec sane haec sola pernicies orientem diversis cladibus adfligebat. Namque et Isauri, quibus est usitatum saepe pacari saepeque inopinis excursibus cuncta miscere, ex latrociniis occultis et raris, alente inpunitate adulescentem in peius audaciam ad bella gravia proruperunt, diu quidem perduelles spiritus inrequietis motibus erigentes, hac tamen indignitate perciti vehementer, ut iactitabant, quod eorum capiti quidam consortes apud Iconium Pisidiae oppidum in amphitheatrali spectaculo feris praedatricibus obiecti sunt praeter morem.

VI. Et le joueur, c'est qui ? n_n