Quand ils ont compris que le peuple Valyrien n'accepterait plus leur présence parmi eux, les Pères et Mères de la race se sont retirés du devant de la scène pour retourner à l'anonymat. Cependant, aucun n'a accepté de laisser le peuple dans l'insécurité. C'est pourquoi chacun d'entre eux a forgé de ses propres mains un objet unique dans lequel il a déposé une partie de son pouvoir. Ces objets, aussi nommés Artefacts par les Érudits, sont au nombre de sept et dispersés aux quatre coins du Val. Ils se sont perdus au fil des siècles, si bien qu'aujourd'hui rares sont les Valyriens à croire encore en ces babioles que personne n'a jamais vues.

La particularité première de ces reliques explique également le fait qu'elles soient extrêmement difficiles à trouver : en effet elles sont pourvues d'un sortilège leur donnant l'apparence d'un objet banal. Parmi ces déguisements permanents on retrouve une vieille bottine, un parchemin usé ou même un jouet pour enfants. Ce n'est que lorsqu'on répond à une certaine formule que l'artefact révèle sa véritable nature et ses pouvoirs. Ceux-ci dépassent (et de loin) ceux des plus puissants Valyriens. Rares sont les braves qui parcourent encore le Val à leur recherche.

On dit que l'Académie s'est mis en tête de retrouver ces reliques afin de les étudier, et offrirait une somme coquette à ceux et celles qui sauront leur en rapporter. A moins que les chercheurs de trésor ne préfèrent les garder pour eux...

Les immenses ailes immaculées de Paladin ne laissaient pas la place au doute quant à la nature de l'artefact qu'il laisserait après son départ. C'est tout naturellement qu'avec l'aide d'un Infecté dont le pouvoir le permettait qu'il légua sa foi, son amour et sa paix intérieure. Ce qui le caractérisait et ce que les autres Valyriens avaient suivi ces sept premières années furent placés dans un avatar immatériel. Dissimulé à l'intérieur d'une vieille lampe aux allures miteuses, cet esprit ne révèle sa véritable nature qu'une fois libéré, comme les fameux génies dans les contes orientaux.

L'esprit prend alors l'apparence d'un aigle gigantesque. Plus qu'une arme ou un moyen de se défendre, cet artefact ressemble en vérité à un souvenir vivace. Pour que les Valyriens n'oublient jamais ce qu'ils étaient sur le point de concrétiser avant la chute des Pères et Mères de la race, Paladin préféra ainsi leur léguer une part de lui-même. L'avatar n'a aucune fonction autre que générer un souvenir et inciter la mémoire des Valyriens à se rappeler que les choix effroyables ne sont pas toujours les seules opportunités qui s'offrent à eux. L'aigle est un véritable symbole de liberté autant que de pureté compte tenu de son propriétaire. Il est peut-être l'artefact le plus important des sept, car l'espoir ne vaut-il après tout pas plus que la force ?

Beaucoup disaient que l'Aimée n'était rien sans ses golems de pierre. Au vu de l'artefact qu'elle a légué à ses descendants, faut-il en déduire que c'est une part d'elle-même dont elle les fait hériter ? Dissimulé dans l'une des innombrables grottes au Sud du Dédale, l'un des géants favoris de l'Aimée attend qu'on vienne enfin le libérer. Seule sa main est visible, le reste repose sous une épaisse couche de roche impossible à percer. Et encore... les doigts du golem, si l'on ne prononce pas les paroles exactes, ne forment qu'un vulgaire tas de pierre reposant sur le sol. Bien fou celui qui tenterait d'en obtenir quoique ce soit...

A l'inverse de Paladin, l'Aimée a opté pour un artefact sans finesse : une montagne de force et de puissance à l'état brut. Le golem agit comme un gardien et obéira à celui qui le réveille. Il ne reste plus qu'à espérer qu'il s'agira d'un honnête Valyrien et pas d'un sombre Insurgé...

Il est étrange que l'Obscur ait tenu à suivre l'exemple de ses frères et soeurs, compte tenu du peu de popularité qu'il possédait. Pourtant, il décida que ce n'était pas parce-que le peuple Valyrien le rejetait lui, ainsi que tous les autres Pères et Mères de la race, qu'il était obligatoirement voué à l'échec. C'est pourquoi le jeune homme distilla une partie de son pouvoir dans une fiole en verre de la plus apparente banalité. La fiole fut confiée à une femme au visage voilé dont personne ne connaît l'identité. Le liquide noir -qui tient d'ailleurs plus de la brume- confère à celui qui s'en asperge une invisibilité totale, mais pour une durée modérée. Un trésor de valeur pour les bandits et autres voleurs...

Les Érudits et les Travelers prétendent désirer étudier le contenu de la fiole pour tenter de le dupliquer.

De tous les combattants Valyrien, le Chevalier Protecteur était certainement la plus fine lame. C'est sans surprise que ses pairs ont constaté que l'artefact qu'il leur léguait était en directe relation avec ses qualités d'escrime ainsi que son don naturel. L'une des seules armures jamais forgées dans le Val bénéficia de son pouvoir extraordinaire. Plus qu'une simple résistance améliorée, elle est devenue absolument inaltérable. Ni le temps ni les coups ennemis ne peuvent entamer son acier pur, protégeant ainsi son propriétaire et le rendant intouchable. Même la côte de maille enfilée en-dessous du plastron empêche les lames acérées d'entamer le corps du porteur via les espaces séparant les différents éléments de l'armure.

On laissa longtemps sous-entendre que l'armure était destinée au général de la milice.Mais l'actuel général, Garath Delgalion, ne semble pas préoccupé par le sort de l'armure. A l'heure actuelle, celle-ci repose en plusieurs endroits, séparée en cinq ou six morceaux à travers le Val. Le Chevalier Protecteur a fait en sorte que, séparément, ces éléments ne soient en rien spectaculaires de sorte qu'ils n'attirent guère l'attention.

D'aucuns ne sauraient sous-estimer la puissance du brasier. La chaleur envoûtante des flammes léchant les courbes d'un corps, le chant mélodieux et sec lorsqu'elles prennent de l'ampleur... L'Ardente avait compris à quel point le feu pouvait être destructeur mais n'oubliait pas pour autant son aspect réparateur. Le feu cautérise, l'eau bouillante stérilise, la lumière rougeâtre du feu peut illuminer la nuit la plus noire. L'Ardente le savait et c'est tout naturellement qu'elle enferma une part du brasier incandescent qui vivait en elle.

Transposé au sein d'une lanterne somme toute banale, le feu est voué à ne jamais s'éteindre même si tout combustible lui est ôté : air et matière à brûler. Ainsi, cela fait plus de cent ans que le brasier illumine toujours la lanterne qui le contient. Contrairement aux autres artefacts, celui-ci n'a pas d'apparence pouvant servir de leurre : la lanterne garde sa véritable allure. Seulement, le fait qu'elle soit mêlée à une centaine d'autres lanternes semblables la rend extrêmement difficile à trouver. Perdue au beau milieu d'un magasin d'antiquités à Emmercar, la lanterne n'a encore jamais été retrouvée, et ni le vendeur ni aucun client n'ont pour l'instant deviné sa véritable nature.

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Le plus jeune des sept fut nommé Poussière, et son artefact est intimement lié à son pouvoir. Unique dans son genre, le garçon écrivit un livre d'histoires en Valyrien. Le garçon était de loin le plus rêveur des sept Pères et Mères de la race, et cela se ressent lorsque l'on observe son héritage : un livre de contes en apparence banale. Mais une fois la formule prononcée, le grimoire s'illumine et ses protagonistes prennent vie sous une forme plus ou moins palpable. On trouve dans l'ouvrage une multitude d'histoires : une romance, un conte pour enfants, mais également un roman décrivant une guerre sans merci.

Imaginez les milliers de soldats de cette dernière épopée prendre vie : cela pourrait aisément faire pencher la balance du côté de celui qui a le livre en sa possession. Le Conseil s'est beaucoup intéressé à ce dernier point, mais malheureusement le livre reste introuvable. Peut-être est-il tout simplement dans la chambre d'une honnête petite fille qui le lit tous les soirs avec la même passion ?

La légende veut que ces quatre anneaux aient été forgés par un père pour ses quatre uniques filles. Son amour pour elles était si fort qu'une perle de passion se glissa dans chacun des bijoux, leur prodiguant ainsi d'étranges capacités tout en les rendant insensibles au temps, au feu ou à la rouille. L'un pouvait embellir ce que son porteur touchait, un autre accélérer la pousse des plantes... ces pouvoirs relevaient tous du domaine de la grâce et de la bonté.
Toutefois, les quatre jeunes filles moururent subitement, emportées par une fièvre folle. Leur père, rendu fou par le chagrin, tenta de détruire les anneaux qui lui rappelaient tant ses enfants perdues. Ses efforts restèrent vains : les bagues qu'il s'étaient  tant efforcé de rendre indestructibles résistèrent à ses assauts infructueux, et seuls leurs pouvoirs furent altérés. Conservant leur apparence immaculée, les anneaux produisent désormais l'inverse de ce qu'ils pouvaient réaliser autrefois, et ne représentent plus qu'un tas de breloques finement ornées mais indésirables, car maudites.

Baalinn :  le premier des quatre. Forgé pour Tälish, cet anneau avait autrefois le pouvoir de purifier et d'embellir ce que son porteur effleurait. Désormais, son pouvoir s'est inversé et quiconque porte l'anneau putréfie ce qu'il touche, recouvrant d'une épaisse couche de moisissure tout objet frôlé.

 

Glorynn : le second des quatre Forgé pour Luanna, cet anneau avait autrefois le pouvoir d'accélérer la pousse des végétaux, qu'il s'agisse de fleurs ou d'arbres. Désormais, son pouvoir s'est inversé et les plantes se flétrissent lorsqu'il les approchent, avant de dépérir rapidement et sans que rien ne puisse les sauver.

 

Sylinn : le troisième des quatre Forgé pour Rächel, cet anneau avait autrefois le pouvoir d'attirer toutes sortes d'oiseaux, qu'il s'agisse de colombes ou de rouge-gorges. De plus, le bijoux conférait à son porteur une voix exceptionnellement pure et juste comme le son cristallin de l'eau. Désormais, son pouvoir s'est inversé et les volatiles fuient le porteur de l'anneau en le considérant comme un prédateur, et la voix de celui-ci est aussi désagréable qu'une crécelle.

Darlynn : le dernier des quatre Forgé pour Doomshya, cet anneau permettait autrefois à son porteur de converser avec les esprits de ses proches défunts (ainsi, Doomshya pouvait-elle voir sa mère morte en couches). Désormais, son pouvoir s'est inversé et les fantômes des âmes errantes se manifestent devant le porteur afin de le suivre et le persécuter jusqu'à le rendre fou.

Nul ne sait d'où proviennent ces lames enchanteresses. D'aucun supputent qu'un forgeron anonyme aurait insufflé à ses créations certaines qualités, mais les Érudits ne peuvent que supposer, et toutes leurs recherches s'avèrent vaines. Ce que le peuple Valyrien sait de ces épées reste très obtus et flou. De temps à autre, un Valyrien met la main sur une lame somme tout banale. Ce n'est que quelques heures plus tard, après que celle-ci se soit mise à parler, qu'il commence à se poser des questions. Ces épées ne sont pas toutes d'agréables compagnes : il y en a qui insultent leur propriétaire, d'autres qui se contente de chanter (faux, cela va de soi). On dirait qu'une âme maligne les habite et qu'elles prennent plaisir à tourmenter leur possesseur. Celui-ci ne résiste pas longtemps et s'en débarrasse généralement au bout de quelques jours.

Les Lames Chuchoteuses seraient semble-t-il au nombre de cinq. Il y aurait tout d'abord le lourd hachoir, ensuite l'épée droite. Viendraient finalement le sabre courbe, la dague et le couteau-suisse, celui-ci étant de loin le plus vicieux. Il s'amuserait en effet à lire les pensées de son propriétaire et à répéter à voix haute tout ce qu'il y apprend.
La dernière fois que l'une de ces lames a été aperçue, c'était auprès du lac d'Hopefield. Si vous vous sentez d'humeur bravache, allez donc y jeter un œil... mais ne venez pas vous plaindre après.